L'énergie vient en faisant

Lettre #9

Bonjour tout le monde !

Je vous écris avec un peu de terre sous les ongles et de la farine dans les cheveux ; autrement dit, entre mon jardin et ma cuisine, entre le ramassage de pommes et la préparation du gâteau.

Cette semaine, j’ai travaillé à plein temps (voir bien davantage) dans un domaine agricole en montagne. De 8 heures du matin à 19 heures le soir, j’ai enchaîné les activités et j’ai sollicité mon corps bien plus activement que ces dernières années. Et vous savez quoi ? J’en redemande.

Je suis rentrée chez moi, en plaine, et aujourd’hui j’ai fait plus de chose que je n’en aurais faites en 3 semaines auparavant : j’ai nettoyé mon potager, taillé un pommier, fait un gâteau, séché du romarin et du basilic et préparé les bocaux, j’ai eu le temps de préparer mon plan horaire pour la rentrée, de lire quelques chapitres, de faire un tour à pied très tranquillement, et j’oublie probablement 2-3 trucs. Il est 17 heures et je trouve l’énergie d’écrire cet article, c’est loin d’être un effort et les idées me viennent facilement, probablement parce que justement, je me suis déjà bien dépensée.

C’est peut-être un peu extrême, parce que je suis un peu extrême et que l’expérience de cette semaine était un peu extrême aussi, cependant, je pense avoir mis le doigt sur quelque chose de très important : pour avoir de l’énergie, il faut avant tout en dépenser. L’appétit vient en mangeant, l’énergie vient en bougeant.A chacun de trouver ce qui le fait pétiller; je pense que ce doit être quelque chose qui ait du sens pour soi. Il est possible que cette activité ne soit pas forcément physique, même si j’ai plus de mal à imaginer concrètement que ça puisse donner autant d’énergie. Mais qui sait, peut-être que coder par exemple, si ça vous passionne, vous donnera une énergie incroyable si vous vous y consacrez vraiment. Si c’est faire de la marche nordique, très bien, si c’est faire de la peinture sur clôture, magnifique, moi, j’ai trouvé mon bonheur dans le travail de la terre, la garde des ânes et des moutons, et l’apprentissage de mille et une choses à faire de mes mains, ne serait-ce que confectionner une pâte à gâteau maison.

Je crois que ce qu’on appelle la bonne fatigue est fondamentale ; la fatigue latente qui nous immobilise parce qu’on n’a rien fait que végéter et s’abrutir de contenu multimédia n’est pas une bonne fatigue. Elle a un impact important sur l’humeur et à terme sur tous les aspects de votre vie, que ce soit votre vie professionnelle, sociale, familiale, de votre santé physique, de votre manière de gérer votre chez-vous, bref : sur beaucoup d’aspects importants.

Un autre point qui me paraît très intéressant dans l’expérience que j’ai faite, c’est le changement drastique de la manière dont mes émotions se régulent. Je dois habituellement gérer des émotions très intenses et changeantes; cette semaine, j’ai tellement investi mon énergie physiquement que mes émotions étaient bien plus stables. J’ai dirigé mon énergie quelque part, je lui ai donné un but, et tout le reste s’est stabilisé. Je ne sais pas exactement comment ni pourquoi, mais dans tous les cas, j’ai ressenti que si je me concentrais sur un but, notamment sur une tâche extérieure à moi et mes préoccupations habituelles, ma vie émotionnelle était bien moins capricieuse.

Je n’ai eu aucune connexion internet de la semaine, je n’ai pas utilisé mon téléphone du tout, et je me suis très vite habituée à me reposer, m’ennuyer un peu ou faire des activités longues et minutieuses sans le consulter. Au contraire, ça m’a apaisée plus que je ne saurais l’exprimer. Trouver le bonheur simple de travailler ensemble, en silence ou en papotant un peu, se retrouver pour préparer les repas, tout transpirants et des brindilles dans les cheveux, apprécier l’orage sous un toit de grange troué ; la simplicité et le contact avec la nature, c’est le secret d’un bonheur tranquille, de mon bonheur à moi en tout cas, mais je n’aurais pas l’impression de me tromper beaucoup en vous recommandant vivement de chercher toutes les occasions de vous rapprocher de ces petites joies.

Rien que pour le bonheur de se sentir plus fort, plus débrouillard, plus curieux peut-être. Oui, je me sens plus forte, même si ça saute (apparemment) pas au yeux. J’ai de la corne au bout des doigts au lieu de la tendinite du scrolling, et ça, j’en suis fière.

Alors, je vous y encourage : FAITES.

Jade

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